Le Musée a 100 ans.
En 1922, Henri Watthé crée l’association La Maison du Missionnaire. Ses buts : héberger et obtenir des soins thermaux gratuits pour les missionnaires catholiques. Cette création s’inscrit dans un contexte historique plus large : depuis le 19ème siècle, les grands ordres missionnaires envoient des hommes et des femmes porter le message chrétien dans le monde entier.
Vichy est alors une capitale thermale cosmopolite où se côtoient missionnaires, fonctionnaires, militaires et personnalités de l’empire colonial.
A la demande de la métropole, les missionnaires collectent des objets. C’est la naissance des musées missionnaires.
En 1922, le musée est la vitrine de l’association. Les objets servent le discours de l’époque : montrer le travail des missionnaires et convaincre les visiteurs d’aider l’œuvre.
Pour le public, c’est parfois le premier contact avec les objets de populations inconnues.
Le fonds des collections est constitué de 1922 à 1940 avec 4 000 pièces et spécimens naturels.
L’exposition est une évocation des premières installations du musée.
Comme le montrent les nombreuses photographies anciennes, les objets sont d’abord disposés les uns à côté des autres, sans lien apparent.
La médiation multimédia présente les courriers des donateurs et les anciens cartels des objets. Ils sont parfois erronés ou approximatifs ; dans tous les cas, ils documentent le regard occidental du début du 20ème siècle sur les objets extra européens, entre fascination et incompréhension.
Le choix des objets révèle une vision particulière. Les arts du continent africain sont illustrés par les fétiches c’est-à-dire les objets sacrés. Les missionnaires rapportaient des témoins matériels des autres religions pour attester des progrès de l’évangélisation.
On trouve des productions issues des écoles d’artisanat catholique créées par les missionnaires. Le plus ancien exemple est une statuette pendentif d’Antoine de Padoue du 16ème siècle.
Le choix des œuvres asiatiques montre un intérêt pour les matériaux précieux, porcelaine, bois laqué, soie brodée et les techniques de fabrication. Il y a aussi des statuettes de divinités et des exemples de « l’accommodation », cette tradition missionnaire de s’intégrer à une culture en reprenant ses coutumes, son costume par exemple.
Enfin des objets lointains comme le piranha d’Amazonie, les mocassins des indiens iroquois du Canada racontent qu’au nom de leur vocation, les missionnaires sont allés au bout du monde.