
Collections de la galerie Le Temps du Rêve, Pont Aven.
Dans le Désert Central, en Terre d’Arnhem, au Kimberley, des artistes aborigènes réinventent la peinture abstraite contemporaine. Pointillisme du Centre, aplats de couleurs au Kimberley, écorces brillantes en Terre d’Arnhem, ces artistes, vieux cow-boys et divas du désert peignent leur Pays.
Si la compréhension nous échappe, la sensation nous touche. Couleurs pures, sens de la composition, les peintures vibrent, intenses. Leur beauté plastique est une invitation à découvrir ces mondes aborigènes et leurs initiés, les artistes. Car les peintures racontent une croyance commune aux différents groupes, le Temps du Rêve.
Le Temps du rêve est raconté par les mythes de création. Aux débuts du monde, les ancêtres ont parcouru le territoire et leur marche, leurs actions ont façonné le paysage, les êtres vivants et les lois.
La géographie actuelle porte la mémoire des Pistes des Rêves. Les héros mythiques ont fusionné avec la terre, formant des rochers, des trous d’eau, des failles…
L’ensemble de l’Australie est ainsi un vaste réseau d’itinéraires ancestraux et d’histoires, les Rêves. Un Rêve relie une personne, une communauté à son Pays, territoire avec lequel il a une connexion spirituelle.
L’abstraction de la peinture est une cartographie du territoire de l’artiste, vu du ciel. Le Rêve se déroule devant nos yeux, ici un campement, là un événement important.
C’est comme si la puissance esthétique de ces peintures activait la force sacrée des ancêtres.
Moyen d’expression artistique, peindre le Rêve est aussi une manière de transmettre un héritage culturel aux jeunes, des connaissances sur la nature, sa préservation, de revendiquer la possession de la terre quand un groupe en a été dépossédé. Le succès de l’art aborigène dans le monde entier éclaire magnifiquement des communautés longtemps invisibilisées.
L’exposition célèbre les précurseurs de différentes communautés artistiques du Désert Central, Papunya, Yuendumu, avec Clifford Oppossum Tjapaltjarri et Ronnie Tjampitjinpa, Michael Nelson Jagamarra puis la région des APY (Anangu Pitjantjatjara Yankunytjatjara), au nord de l’Australie méridionale avec notamment Mick Wikilyiri. Les artistes femmes sont nombreuses, Kathleen Petyarre à Utopia, Judy Watson Napangardi ou Maringka Baker.
Certains peintres sont novateurs par leurs expérimentations plastiques, comme Tommy Watson, Barney Campbell Tjakamarra ou Minnie Pwerle.
Le Kimberley est une belle découverte avec les panneaux peints de Churchill Cann, Beerbee Mungnar Joongoorai, issus du Rêve de Rover Thomas. Enfin les écorces peintes de Terre d’Arnhem, plus anciennes, rappellent la tradition millénaire des peintures rupestres de cette région.
Des objets du quotidien ou rituels, statuettes d’initiés de Dinny Kunoth, représentations d’esprits, poteaux de cérémonie, instruments de musique viennent approfondir les thématiques de l’exposition et accompagnent une scénographie augmentée de multimédia.