Dans une scénographie interactive, vous expérimenterez la dimension universelle de l’exposition. Pour commencer, la roue de la protection propose chance, amour, fécondité, puissance… Au visiteur d’associer ces demandes à des amulettes et talismans de diverses provenances. La recherche de protection est intemporelle et mondiale car l’humain a conscience du passage du temps et des dangers qui le menacent. 
Ainsi, objets de protection, statuettes de protecteurs, recours à des spécialistes montrent la volonté humaine de maîtriser sa destinée.

Les différentes visions du monde et du corps produisent des techniques singulières de prévention et de soin. En Chine, le corps est un modèle réduit du cosmos, on le traite d’une manière globale. Il s’agit de favoriser la bonne circulation des énergies. Science et médecine classique chinoise, religion, rituels magiques s’entremêlent, témoignant d’un monde habité de correspondances.

Les appellations sont nombreuses, les rôles différent, chaman, homme médecine, guérisseur, ombiasy, …  Des portraits contemporains présentent ces hommes et femmes qui continuent d’être le lien entre les mondes, vont chercher de l‘aide pour les vivants auprès des entités invisibles.

A vous de trouver les intrus sur ces affiches de super-héros du Bénin, d’Afrique du Sud, d’Ethiopie et d’Inde ! Les codes de représentation sont universels.
Ces super-hérosd’aujourd’hui sont pourtant issus de leur culture, particulière et ancienne, ils sont passeurs de traditions. Ces protecteurs ont une vocation pédagogique : dans les bandes dessinées, à la télévision, ils expliquent le passé aux plus jeunes et incarnent des solutions à des problématiques sociétales.

Quand la partie est finie, personnages, animaux fabuleux accompagnent le défunt dans l’au-delà. Des objets archéologiques de Chine illustrent ce désir constant de protection, même après la mort.
Puis, des ancêtres représentés par des statuettes, des reliquaires, issus de la R.D. du Congo, du Gabon nous rappellent, que partout, le dialogue continue entre les défunts et leurs descendants.

Civilisations exposées, anciennes et contemporaines : Chine, Inde, Japon, Népal, Indonésie, Philippines, Madagascar, Ethiopie, R.D. du Congo, Gabon, Cameroun, Nigeria, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Algérie, Niger.

Cette exposition valorise les collections du musée et les nouvelles donations.
Merci à Anne Depigny, grande amie du musée, pour ses prêts.

Dieux, talismans et décoctions : la panoplie de Chine
Par Anne Depigny, collectionneuse et commissaire d’expositions.
Conférence des Journées du Patrimoine – Entrée libre
Samedi 21 septembre à 15h

De la naissance à la mort et jusque dans l’au-delà, les boucliers contre les maladies, calamités ou infortunes sont polymorphes : dieux du panthéon dont ceux des voleurs ou des barbiers, Zhong Kui chasseur de démons, ou encore tigres, licornes et gardiens de toit, disques Bi, recettes magiques, amulettes…
D’un usage millénaire et issus du bouddhisme, du taoïsme, du confucianisme ou du folklore populaire, ces protecteurs sont partout, dans les arts décoratifs, temples, palais, foyers modestes, cimetières, et même dans les taxis. En pharmacopée, les Cinq venimeux s’entre-dévorent et produisent un puissant remède contre les fièvres. Le feng shui propose une harmonie du monde et le gua sha un équilibre. Les pratiques superstitieuses, décrites par le Père Henri Doré, persistent aujourd’hui. Le chiffre 8 porte bonheur et le 4 est à proscrire. Le crapaud de la mare attire la richesse. Les cadenas de sortilèges, bonnets et rituels peuvent-ils prémunir des affres de la condition humaine ?
Les missionnaires jésuites, à partir du 17e siècle, empruntent au bouddhisme le bodhisattva Guanyin qui devient Vierge à L’Enfant, pour servir la foi chrétienne en Chine ; préalablement déesse de miséricorde et de fertilité, elle incarne nouvellement la mère du Christ, accordant des grâces infinies à ceux qui la vénèrent. Les valeurs de compassion de ces deux importantes figures religieuses très différentes, restent intemporelles et universelles.
Petit tour d’horizon, avec présentation, dans la salle, d’objets de la collection de Anne Depigny.